Tout est dans les mots
Publié par The Troll le 31 01 2016

D'où m'est venu l'idée de ce billet (et non pas de là)... en fait il chaîne au billet précédent. Qui lui aussi faisait une ellipse, j'ai omis de parler de la réponse universelle des dominants et de leurs idiots utiles (non, pas 42, on parle d'idiots) : le libre arbitre.

J'y pensais à la lumière de la 'responsabilité' d'un terroriste. Alors il n'est pas faux de dire 'il a le choix'. Mais est-ce juste ? N'est ce pas de ces formules toute faites que l'on nous abreuve à longueur de journée, les 'quand on veut on peut', "l'avenir appartient à ceux qui se lève tôt", "la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres". D'ailleurs vous remarquerez qu'on ne le sort JAMAIS pour expliquer à un patron que licencier un mec cela nuit un peu (litote) à sa liberté de travailler. Ok, ilaka aller ailleurs, je connais toute cette vulgate nauséeuse. Le patron lui ilapaka trouver un nouveau marché pour garder ce salarié, ilapaka rationaliser les dividendes, lui ilapaka, mais l'ouvrier, ilaka. C'est ça cela que l'on reconnaît qui est un ouvrier et qui est un patron : l'ouvrier c'est celui ilaka et le patron non.

Donc ilaka est un concept ahurissant celui de rendre responsable la victime.Ainsi si l'ouvrier est au chômage, ilaka vraiment chercher du travail. Peut importe s'ils sont 10 millions comme lui, ilaka. Et s'il y arrive pas, c'est qu'il est responsable

Voila, en 1 mot on s'est dédouané de notre culpabilité. Parce que le but de la manœuvre n'est pas de culpabiliser l'ouvrier, on s'en moque de sa vie, c'est juste de déculpabiliser celui qui le dit. Je ne suis pas responsable de son sort, c'est de sa faute. Ilaka... Parce que peut être que le politique pour lequel j'ai voté est un peu responsable de la débâcle économique, mais ce n'est pas de sa faute, parce que j'ai pris un travail sous qualifié (et donc pris son travail), mais ce n'est pas de ma faute, ilaka. Y'en a même qui disent qu'il aurait mieux dû travailler à l'école. Gros lol. Si 20% des jeunes à la journée de l'armée ont du mal à comprendre des consignes écrites (et donc ne savent pas lire correctement à 17 ans !) c'est difficilement que l'on peut dire que c'est de LEUR fautes. Naturellement un enfant VEUT apprendre, pour le dégoutter de cela, faut y aller sévère. Mais ce n'est pas le propos.

Donc le langage qui avec quelques phrases toute faites, employées toujours dans le même sens : la culpabilisation de l'exploité et le dédouanement de l'exploiteur. La liberté de choix, l'égalité des chances sont autant de niaiseries qu'il est compliqué de démonter car c'est devenu un axiome du langage courant. Ainsi, comme disait coluche, le riche et le pauvre auront tous les deux le droit de dormir sous les ponts : égalité stricte. zavévu, patrie des droits de l'homme ? comme on est égalitaire ?

Pareil, concernant le terroriste, il a le choix de ne pas tuer des gens. Comme l'émir du quatar qui peut, lui aussi, décider de tuer des gens en les mitraillant (parce les pendre ou les torturer, ça il a le droit, c'est juste au bataclan qu'il faut pas.) tous les deux ont le choix, mais hasard, c'est jamais l'émir du quatar que l'on retrouve en terroriste à mitrailler de l’innocent, mais toujours un pauvre type, sans avenir, d'un quartier défavorisé (d'exploités on devrait dire), en déshérence, en rupture scolaire, sans femmes ni enfants. Le hasard

Ainsi ce langage permet de modeler la société en changeant les liens de causalités entre les choses. Et l'émigré, pauvre, rejeté, sans avenir professionnel, sans argent, devient voleur pas parce qu'il est pauvre et sans argent,miséreux, mais bien parce qu'il est émigré, parce que si on veut on peut n'est ce pas ? enfin seulement le pauvre qui peut s'il veut, le gouvernement et l'emploi par exemple, est-ce qu'on pourrait dire Le gouvernement s'en fout de l'emploi parce que quand on veut on peut ? Non, il ne viendrait à AUCUN journaliste de dire cela, mais par contre le chômeur... c'est bien de sa faute... car quand on veut on peut, non ?

l'illettrisme en france

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