Destiné au Conseil Régional de Picardie, Conseil Général de l’Aisne, à la Communauté d’agglomération du Soissonnais.
On ne tombe pas dans le libre par hasard, comme lors d'un faux pas, ou d'une rencontre fortuite.
On entre dans le libre, comme en sacerdoce ou en résistance, par foi, par conscience politique et souvent par altruisme, parce que l'on pense que l'individu, le service qu'il peut fournir, sa compétence, sont bien plus importants que l'outil qu'il peut vendre ou proposer. Parce qu'on accorde à son travail bien plus d'importance qu'à son capital. Parce que le partage avec les autres semble naturel et la pérennisation un impératif.
C'est avec cet engagement fort que le libre m'a saisi il y a bientôt 8 ans, pas de manière ostentatoire ni racoleuse mais dans la mission humble, presque domestique, de partager, aider, convertir et former durablement. Avec le temps, du travail, de la recherche personnelle, l'aide des autres, j'ai acquis certaines compétences que j'aime partager. Lorsque il m'a été proposé de faire partie du comité technique du Cetril fin été 2006, c'est avec plaisir que j'ai accepté, non pour la gloire ou pour le networking, mais bien dans cet esprit d'entraide, de partage, de développement durable.
- J'ai assisté à une présentation de Ruby on Rails (environnement de développement libre) . J'avais fait parvenir, à l'époque, à M. Loire et au Cetril une proposition pour une action économique locale, créatrice d'emploi dans le Soissonnais, à base de libre et de formation à cycle court : je n'ai eu aucun retour de leur part.
- J'ai participé aux 3 réunions du comité technique. J'ai assisté aux Trophées du Libre. Malgré toutes mes présences actives je n'ai pas saisi quels étaient les objectifs tangibles de Cetril, quelles étaient les actions locales destinées à promouvoir le libre et son esprit vers les acteurs économiques et institutionnels.
- Plusieurs fois, j'ai posé la question lors des réunions et je n'ai jamais obtenu une réponse, comme si l'expression "action locale réelle" était une monstruosité.
- Mr Bloquet, Directeur de la pépinière du parc Gouraud, faisait remarquer avec verve lors d'une réunion, qu'ils faisaient des forums et des conférences en Europe mais que personne dans le tissu économique Soissonnais ne connaissait le Cetril ou ses activités.
- Pire encore, lors des fameux Trophées du Libre, les solutions choisies pour la vidéo-conférence avec Mark Shuttleworth ou le film de présentation des actions de Cetril étaient mis en oeuvre avec des solutions non libres.
Si on regarde le projet d'orientation stratégique de Cetril 2006-2007, présenté lors d'une allocution de J.-M. Loire, son actuel président, en juin 2006, on note, outre l'aspect communication, le pôle recherche (maintenance des sites clients fins, site Anisy-le-Château, Informathèque du Lycée Gérard de Nerval), transfert de technologie et formation.
Hors pour 2006-2007 aucune des actions tangibles techniques prévues n'a été réalisée (abandon des clients fins, friche et déshérence des abonnements Gepi pour les collèges, non réalisation du site expérimental d'Anisy-le-Château, certains vont même jusqu'à parler de torpillage volontaire de l'installation de l'Informathèque au Lycée Gérard de Nerval...) Pourtant, c'est avec ce projet d'orientation que les subventions de la Communauté d'Agglomération du Soissonnais, du Conseil Général et du Conseil Régional, ont été obtenues, faisant un budget global de plus de 500 000 euros pour 2006.
- Pourquoi le Cetril n'a-t-il pas inscrit les institutionnels de Picardie à l'Adullact (Association pour la mutualisation des logiciels libres pour les institutionnels) ?
- Pourquoi le Conseil régional de Picardie et l'Académie d'Amiens finance le développement d'un environnement numérique de travail non libre alors qu'il existe déjà des solutions disponible en libre ?
- N'est-ce-pas dans la mission même du Cetril de proposer ses solutions libres ?
- Il se murmure même que le Cetril a perdu son agrément comme organisme formateur (ce que confirme la DRTEFP), trahissant ceux qui leur avait fait confiance pour aborder leur reconversion professionnelle. Il se dit que certaines communes de l'agglomération ne désirent plus participer au financement.
Il est toujours délicat de juger du travail des autres, mais il est important de comprendre les raisons du décalage entre la théorie et la pratique.
Sur le portail internet de la préfecture de Picardie, on peut lire, en date du 26-05-2003 à Sil-Cetril:
"OBJECTIFS L'objectif de l'association SIL / CETRIL située à Soissons est de contribuer au développement de ces logiciels libres, d'aider à la diffusion d'applications informatiques utilisant ces technologies. La connaissance par les entreprises ou collectivités publiques, des possibilités technologiques des logiciels libres vont permettre l'émergence de compétences et d'entreprises spécialisées sur ce sujet au niveau régional. Elles pourront plus particulièrement se développer dans le contexte du pôle technologique du Soissonnais et bénéficier d'une synergie accompagnée par l'association"
Si on lit maintenant l'allocution de l'actuel président de Cétril, Jean-Marc Loire, dans son intervention du 3 juin 2006 :
" [...] Charge à nous et à nos partenaires de constater que la réelle valeur ajouté de Cetril est sa fonction de référent, d'architecte. Cetril doit avant tout être développé pour "structurer" le marché du logiciel libre. [....]Plus ça va, plus je me pose la question de savoir si la structure associative qui fut certes nécessaire au début de Sil est la mieux adaptée pour la poursuite des objectifs de Cetril [...]. Peut être une solution de pérennisation efficace serait de travailler ensemble au passage de Cetril en structure institutionnelle".
Nous assistions, en direct, à l'évolution minimaliste, le choix de la voie sans issue et sans vision d'avenir : le rétrécissement du cétril vers de la communication structurelle.
- On comprend mieux le turn-over important dans les 'travaillants' du Cetril (300% sur 2006).
- On comprend mieux que les postes du Cetril sont des postes de communicants et pas de technicien.
- On comprend qu'aucune réalisation technique concrète ne peut avoir lieu car il n'y a aucune compétence technique au Cétril et parce que son président actuel définit comme objectif la communication structurelle.
Il existe une guerre pour la 'maîtrise décisionnelle', avec les évictions fratricides qui vont avec. Les 'membres' de l'assocation Cétril ne sont pas des véritables membres au sens associatif : ils n'interviennent pas, ne font pas de bénévolat, n'apporte pas leur concours, ne participent pas, mais justifient le statut associatif permettant d'obtenir des financements.
La résistance s'organise. Une association s'est formée pour pallier aux carences du Cetril. Il a été demandé à plusieurs reprises à Monsieur Paulin, Président de la Communauté d'Agglomération du Soissonnais, d'intervenir. Sans résultat.
Aujourd'hui, il n'est plus possible de crier "appeasement" à la manière d'un Daladier en 1938, il ne pourra être fait économie d'une décision politique courageuse. Personne ne pourra se cacher derrière un "nous ne savions pas". Les carences répétées du comité directeur et de l'équipe dirigeante doivent entraîner une révocation de ceux-ci. les rumeurs naissent, les esprits s'échauffent. Au détour d'une conversation, des notions de dilapidation de fonds publics apparaissent.
Ne vous rendez pas coupable de complicité par omission. La copie à la va-vite des projets initiés et défrichés par le Psil (recyclerie, Consortium d'entreprises, agrégats de compétences en logiciels libres, soutien à la migration de collectivités) n'est qu'un ultime réflexe de survie dans une opération de la dernière chance. Le mur n'est pas loin. Ne laissez pas mourir la flamme du libre à Soissons. Donnez au libre et à ses acteurs une réelle chance de prouver techniquement ce qu'il peut apporter. Amener aux commandes de Cetril des techniciens compétents, il n'est pas trop tard. Il en va de la crédibilité des élus et des collectivités et surtout du libre.